Guy Dauphin Environnement est une société de recyclage de véhicules, d’électroménager et de matériaux métalliques usagés. A travers ses activités et son slogan « la renaissance de la matière », GDE prétend s’inscrire dans une politique de préservation de l’environnement et de développement durable. Or, c’est tout le contraire. 40 000 tonnes de déchets automobiles ont été récemment retrouvées sous la commune de Versainville dans le Calvados. Non loin de là, à Soumont Saint- Quentin, ce sont 15 000 tonnes de résidus de broyage automobiles, enfouies illégalement, qui suscitent la colère des riverains et des associations de préservation de l’environnement.
La DRIRE (Directions Régionales de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement), a chargé GDE d’analyser les dépôts et de les retirer. La société doit également fixer procédure et échéancier afin de transférer les déchets vers des centres d’enfouissements autorisés.
Pour les associations locales, cette décision est inacceptable. En effet, comment GDE peut prendre des décisions objectives ?
« C’est comme si les gendarmes demandaient au braqueur de banque de mener l’enquête ainsi que la recherche d’indices et de complices ! » s’indigne Brahim Boufrou, président de l’association Roquencourt environnement et urbanisme.
Accompagné de Gérard Lorfeuvre, de l’association Versainville anti-pollution, et de René Hamel, de l’OREEAT, (Observatoire Régional de l’Ecologie, de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire), le militant compte bien se faire entendre. Une conférence de presse à eu lieu mardi 26 mai, lors du CODERST (Conseil départemental de l’environnement et des risques technologiques) afin d’alerter spécialistes, dirigeants de la DRIRE et associations.
Depuis 2001, ce sont 37 000 tonnes de résidus de broyages automobiles qui ont été déversées sur le site de Versainville. Une étude de la DRIRE montre la présence, en quantité conséquente, de métaux lourds toxiques, comme du plomb et du zinc, dans des valeurs importantes. Mais le plus effarant, c’est que le Calvados n’est pas le seul département touché par les activités nocives de GDE.
Aux confins de l’Ardèche, de la Drôme et de l’Isère, des habitants subissent les rejets de gaz toxiques et cancérigènes, notamment des composés organiques volatils (COV) et des dioxines du puissant broyeur GDE installé dans la zone industrielle de Salaise. L’association VIVRE, dans un courrier de demande d’intervention destiné aux députés des départements respectifs, dénonce le manque d’engagement de GDE face aux risques sanitaires encourus par la population. La société ne propose qu’une brumisation en guise d’indemnité, ce qui selon les experts ne permet en aucun cas de traiter et de filtrer les gaz.
Par ailleurs, GDE vient d’acquérir pas moins de 165 hectares dans la communauté de communes du pays du roi Morvan, en Bretagne. La menace d’une installation d’un centre d’enfouissement de déchets industriels pèse sur la commune de Plouray, dans le Morbihan. La nouvelle association Nature et Patrimoine en Centre Bretagne (NPCB 56) alerte la population sur les risques inhérents à l’installation d’un tel site dans la commune. Selon « Le Télégramme », la décharge de Plouray serait la plus grande décharge de France sinon d’Europe, avec pas moins de 150 000 tonnes de déchets par an pendant 20 ans…Quand on sait que GDE aurait tendance à pratiquer de l’incinération sauvage sur l’ensemble de ses sites, ça fait froid dans le dos.
Enfin, pour ceux qui ne le savent pas, Guy Dauphin Environnement est une filiale de GDE-Ecore-Trafigura Behher BV, société connue pour avoir affrété le cargo Probo Koala, responsable du déversement de déchets toxiques en Côte-d’Ivoire en 2006. Cette catastrophe environnementale avait fait 10 morts, 69 bléssés et plus de 7000 personnes intoxiquées.
Le comportement de GDE est à l’opposé de la philosophie qu’elle prétend appliquer : « Etre acteur du respect de l’environnement est un challenge de chaque instant ». Seulement, face au manque d’implication des institutions, il est difficile pour des petites associations de se faire entendre face a un grand groupe, certes vecteur d’emplois pour les régions de l’ouest mais qui détruit sans scrupule la planète et fait du tort à notre santé.